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Ainsi, les titres suivants seront attribués aux différents joueur qui, selon leur mode de jeu, vont avoir tendance a plus ou moins en accumuler. | Ainsi, les titres suivants seront attribués aux différents joueur qui, selon leur mode de jeu, vont avoir tendance a plus ou moins en accumuler. | ||
'''Le Badge Pute'''[[Fichier:pokonche_pute.png|gauche|vignette|Je me couche sur tous les spots. Et tous les matelas.]] | '''Le Badge Pute'''[[Fichier:pokonche_pute.png|gauche|vignette|Je me couche sur tous les spots. Et tous les matelas.]]Archétype atemporel, récurrente dans l’imaginaire collectif, emblème inversé d’une société qui prône la retenue tout en se caressant sous la table, la Pute n’est ni une insulte, ni un jugement moral de nos jours, mais une fonction horizontale en pleine verticalisation du monde. Car à l’ère du consentement contractuel, des CGU sexuelles et des statistiques Tinderiennes, celle qui décapsule son string plus vite que son Uber Eats ne refroidit redevient en quelque sorte l’avant-garde involontaire du chaos intime. Et pourtant, nul besoin ici de trottoir ni de lampadaire clignotant : c’est souvent dans un salon Discord, un PM Messenger ou un petit DM claffi de stickers "UwU" que se négocient les nouvelles passes, tarifées non plus en liquide mais en validation sociale, en abonnements, en like, en screenshot partagé à minuit moins quart avec la mention "t'as vu cette chienne ?". L’obtention du titre Pute ne requiert d’ailleurs ni dépistage complet, ni consentement mutuel notarié — la simple volonté de diluer la tendresse dans la lubricité, combinée à une régularité métronomique dans l'exhibition, suffit à l’auto-attribution. Et si la PrEP protège peut-être des virus, elle ne préserve nullement du stigmate digital. Car en vérité, à l'heure où tout se screen, tout se forward, et tout se recycle dans des threads Twitter nauséabonds, être une pute, c’est surtout accepter d’être une donnée ouverte, exploitée, cliquable — et de toute façon, le mal est déjà fait, salope.<blockquote>''Le titre de Pute est attribué au joueur '''qui s'est le plus souvent couché''' pendant le tournoi''</blockquote>[[Fichier:pokonche ligne.png|centré]]'''La Sainte''' | ||
[[Fichier:pokonche_sainte.png|gauche|vignette|Je joue toutes les mains, mais jamais je ne donne la mienne.]] | [[Fichier:pokonche_sainte.png|gauche|vignette|Je joue toutes les mains, mais jamais je ne donne la mienne.]] | ||
Symbole immémorial de pureté, mais surtout dernier rempart debout dans un monde où tout s’effondre cul en l’air, la Vierge ne se définit pas par ce qu’elle n’a pas fait, mais par ce qu’elle refuse obstinément de dilapider. À l’heure où les corps s’échangent contre des formules premium, où l’intimité est à ce point percée qu’elle en suinte du trou du cul de TikTok, la Vierge tient bon, hermétique à la marée, colonne de marbre dans un océan de foutre tiède. Elle pourrait, bien sûr. Ce n’est pas faute d’occasions : les DM dégoulinent, les cœurs piteux frappent, les invites se multiplient comme des morpions dans une partouze d’école de commerce. Mais non. Elle garde, elle protège, elle conserve. Non pas son hymen, cette foutaise biologique aussi fragile qu’un abonnement Snap, mais son pouvoir d’abstention radicale, sa foi en quelque chose de plus haut que la giclée et l'instant. Certains la moquent, l’accusent d’aigreur ou de peur, mais ils crèvent tous d’envie de goûter à ce qu’elle retient. Car ce n’est pas elle qui n’a pas encore baisé : c’est le monde qui n’a pas encore été jugé digne de la baiser. Ce titre, rare, précieux, lumineux, s’obtient en traversant l’enfer sans céder au moindre démon, même s’il porte une Rolex, un discours woke, ou une mâchoire alignée sur le compas de Vitruve. La Vierge est une cathédrale dans une ruelle de clubs échangistes. Et crois-moi, elle en impose plus en silence que toutes les salopes hurlantes de ce siècle.<blockquote>''Le titre de Sainte est attribué au joueur '''qui a remporté le tournoi sans s'être couché une seule fois'''''</blockquote> | |||
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===='''Le Voyeur'''==== | ===='''Le Voyeur'''==== | ||
[[Fichier:pokonche voyeur.png|Je joue pas au poker. Je vous regarde vous salir. C’est mieux qu’un porno.|alt=|gauche|vignette]]Tapie dans l’ombre comme une vieille caméra de parking mal orientée, | [[Fichier:pokonche voyeur.png|Je joue pas au poker. Je vous regarde vous salir. C’est mieux qu’un porno.|alt=|gauche|vignette]]Tapie dans l’ombre comme une vieille caméra de parking mal orientée, cette créature putride observe tel un raton laveur bloqué dans une boucle de salive neuronale. Il ne mise pas, il attend. Attentiste maladif, paralysé de l’âme, cet être grisâtre semble animé d’un étrange plaisir à ne rien faire pendant des heures tout en gardant le regard rivé sur le moindre pixel d’activité adverse, comme si chaque relance d’un autre était pour lui un orgasme distant, éjaculé par procuration. Le titre Voyeur ne récompense pas le stratège, ni le prudent, ni même le sournois : il sacre le masturbateur cérébral du tournoi, celui qui regarde le monde jouer à sa place, qui consomme l’action sans jamais la pénétrer, qui se fait spectateur actif de la vie comme un fétichiste de culs en jogging dans les rayons de Décathlon. Et pendant qu’il checke, encore et toujours, dans une répétition morbide du néant, le temps passe, les blinds montent, et l’univers entier le dépasse sans qu’il ne s’en rende compte, trop occupé à jouir en silence d’un flop qu’il ne touchera jamais. Le Voyeur n’est pas dangereux, il est pire : il est inutile, ornement toxique d’une table de jeu qu’il encombre de sa passivité vicieuse. Son existence se résume à ça : ne rien faire, mais avec intensité. Et s’il gagne un jour, ce sera uniquement parce que les autres se sont entretués sous ses yeux pendant qu’il se caressait le menton avec un jeton moisi. Un vrai fils de pute sans ambition, mais avec une sacrée vision périphérique.<blockquote>Le titre de Voyeur est attribué au joueur '''qui a le plus souvent checké''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
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[[Fichier:pokonche_simp.png|gauche|vignette|J’ai fold les nuts pour pas l’éliminer. J’ai perdu. Mais peut-être qu’elle a souri.]] | [[Fichier:pokonche_simp.png|gauche|vignette|J’ai fold les nuts pour pas l’éliminer. J’ai perdu. Mais peut-être qu’elle a souri.]] | ||
Il mise, il relance, il shove, il envoie, il n’arrête pas. | Il mise, il relance, il shove, il envoie, il n’arrête pas. Le Simp, c’est ce putain de teubé intégral qui claque tout ce qu’il a comme un puceau sous Lexomil qui découvre un live Twitch “bain moussant spécial abonnés”. Dans le poker comme dans la vie, il pense que dépenser = séduire, et que le simple fait de miser attirera l’attention, l’affection, peut-être même un petit regard attendri de la croupière imaginaire qui hante ses nuits pleines de larmes et de sacs de congélation usagés. Sauf que non. Personne ne l’aime. Personne ne le respecte. Et surtout, personne ne lui a demandé de balancer la moitié de son stack préflop avec Valet-Quatre dépareillé "parce qu’on sait jamais, elle est mignonne la river". Il n’a pas de plan, pas de stratégie, et surtout plus de frein. Il a juste un besoin pathologique d’exister aux yeux des autres, quitte à faire All-In contre des murs. En ligne comme dans la vraie vie, il est celui qui envoie des tips à des gonzesses qui ne le nomment même pas, qui appelle ça “soutenir”, et qui justifie ses relances absurdes par des “fallait tenter un move”. Le titre Simp n’est pas un honneur, c’est le certificat médical de ton absence totale de colonne vertébrale. Tu n’es pas agressif, tu es désespéré. Et à force d’envoyer des jetons comme d’autres envoient des “Tu dors ?” à 3h16, tu finiras broke, seul, et probablement banni d’un Discord où t’as rien fait d’autre que liker toutes les photos d’une meuf qui te connaît même pas.<blockquote>Le titre de Simp est attribué au joueur '''qui a le plus souvent misé''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
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[[Fichier:pokonche clebard.png|Je call des pots où j’ai 0% equity, mais 100% d’amour pour elle.|alt=|gauche|vignette]] | [[Fichier:pokonche clebard.png|Je call des pots où j’ai 0% equity, mais 100% d’amour pour elle.|alt=|gauche|vignette]] | ||
Il suit. Toujours. Fidèlement. | Il suit. Toujours. Fidèlement. Comme un labrador sous Tranxène qui court après une balle qu’on n’a jamais lancée, il paye, call, suit, colle, s’accroche, s’agrippe, espère. Le Chien, c’est ce mec dont la vie entière est une laisse trop courte, tendue entre son illusion et la réalité qui la piétine. Il croit que ça va payer un jour. Qu’à force de suivre, de répondre, de rester, elle finira par se retourner, par lui dire "merci d’avoir toujours été là", et qu’ils finiront ensemble, main dans la main, au soleil. Alors il call. Il call tout. Il call n’importe quoi. Même les overbets, même les relances manifestement assassines. Parce qu’il ne veut pas abandonner, comme il n’a pas abandonné la meuf du lycée à qui il portait le sac Eastpak sans jamais lui toucher la main. Le badge Chien est réservé à ce pantin sentimental, ce toutou de la relance adverse, ce mec qui se fait tracter par le bout du cœur en croyant que la gentillesse est une arme. Ce n’est pas une stratégie, ce n’est pas un style, c’est un syndrome de soumission affective avec un angle de 90° dans la nuque. On le reconnaît à son jeu de tête : il hoche quand on le relance, il soupire quand il perd, il panique quand elle raise. Et pourtant il revient. Toujours. Fidèle, docile, presque content d’avoir été une fois de plus humilié proprement. Le Chien ne veut pas gagner, il veut qu’on l’aime, et c’est précisément pour ça qu’il finit ruiné, pleurant sur un coussin qui pue la défaite et les sentiments non réciproques. | ||
<blockquote>Le titre de Clébard est attribué au joueur '''qui a le plus souvent suivi''' pendant le tournoi.</blockquote> | <blockquote>Le titre de Clébard est attribué au joueur '''qui a le plus souvent suivi''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
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[[Fichier:pokonche genant.png|Je raise depuis 38 mains. J’ai touché zéro flop. Mais j’ai raconté ma strat sur Discord.|gauche|alt=|vignette]] | [[Fichier:pokonche genant.png|Je raise depuis 38 mains. J’ai touché zéro flop. Mais j’ai raconté ma strat sur Discord.|gauche|alt=|vignette]] | ||
Il ne devrait pas être là. Pas à la table. Pas dans le tournoi. Pas sur le forum. Pas dans la société. Pas dans ce monde ni cette galaxie. | Il ne devrait pas être là. Pas à la table. Pas dans le tournoi. Pas sur le forum. Pas dans la société. Pas dans ce monde ni cette galaxie. Mais il y est, il s’impose, il persiste, comme une verrue dans un jacuzzi, comme un rot dans une cérémonie de mariage. Le Gênant, c’est ce mec qui a mal été assemblé à la naissance, un patchwork mal cousu de chromosomes hésitants et de troubles du comportement non référencés dans le DSM-V, mais tolérés par lassitude administrative. Et parce que Dieu, dans un élan sadique, lui a laissé un accès internet, il s’inscrit au tournoi. Et là, c’est le drame. Il relance. Toujours. N’importe comment. N’importe quand, sans cohérence, sans position, sans raison – uniquement pour exister. Une sorte de pulsion d’interruption permanente, comme un mec qui lèverait la main en classe juste pour dire “je suis là” avant de se pisser dessus. Il ne bluffe pas, il ne value pas, il bruite. Chaque coup devient un sketch, chaque main un attentat sonore. Le badge Gênant ne se mérite pas, il s’impose, comme une allergie au gluten dans un repas de famille, ou comme ce mec qui continue de faire des calembours en soirée alors que tout le monde a cessé de rire depuis deux bouteilles. Et quand il saute du tournoi, enfin, on respire. Mais on sait qu’il reviendra. Parce que le Gênant ne comprend pas. Il ne peut pas comprendre. Il est fait de cette matière molle qui ne capte pas l'humiliation, ni la retenue. <blockquote>Le titre de Genant est attribué au joueur '''qui a le plus souvent relancé''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
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[[Fichier:pokonche tapisseur.png|J’fais tapis même quand j’ai les nuts. J’fais tapis même quand j’ai rien. J’fais tapis même quand j’fais caca.|gauche|alt=|vignette]] | [[Fichier:pokonche tapisseur.png|J’fais tapis même quand j’ai les nuts. J’fais tapis même quand j’ai rien. J’fais tapis même quand j’fais caca.|gauche|alt=|vignette]] | ||
Il ne joue pas, | Il ne joue pas, il éjacule des décisions. Le Tapisseur, c’est ce foutu con nucléaire du poker, ce putain de timbré de l’all-in compulsif, cette verge algorithmique qui ne connaît qu’un seul mouvement : l’intégration totale dans le pot, sans préliminaire, sans lubrifiant, sans considération pour le contexte ou le respect du jeu. Chaque main devient pour lui un prétexte à tout envoyer. As-7 dépareillés en pré-flop ? Tapis. Dame-2 au turn ? Tapis. Sept blindes au bouton contre trois bourrins armés ? Tapis. Strictement rien à foutre. Il n'est pas stratège. Il est glandeur de stack. Le badge Tapisseur ne récompense pas le courage ni l’audace – il sanctionne une pathologie spectaculaire, un réflexe panique déguisé en virilité, un mec qui joue au poker comme on baise dans un film Brazzers : vite, fort, sans logique, avec du bruit et une fin honteuse. Il pense impressionner, il croit que l’agression est une stratégie. Il ne sait pas que les autres le regardent comme un figurant sous stéroïdes dans une backroom de studio roumain, transpirant, criant, et finissant systématiquement vidé et ridicule au fond d’un pot qu’il ne maîtrise pas. Car le Tapisseur n’a pas d’orgasme, il a des spasmes d’ego. Il en met partout. Il souille les flops. Il dégouline sur les river. Il finit éclaté contre le mur statistique, mais il y retourne à chaque main, en tendant sa bourse pleine de jetons comme on offre une offrande sacrificielle à une déesse qui n’a jamais existé. Et quand il bust, il dit "fallait oser". Non khey. Fallait réfléchir'''.'''<blockquote>Le titre de Tapisseur est attribué au joueur '''qui a le plus souvent fait tapis''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
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[[Fichier:pokonche soros.png|vignette|gauche|Je joue 4 mains. Je gagne 400 blinds. Je te laisse les restes et un prêt à taux variable.]] | [[Fichier:pokonche soros.png|vignette|gauche|Je joue 4 mains. Je gagne 400 blinds. Je te laisse les restes et un prêt à taux variable.]] | ||
Il ne gagne pas souvent, mais | Il ne gagne pas souvent, mais quand il gagne, c’est tout le monde qui perd. Le Soros du tournoi n’est pas un joueur, c’est un événement macroéconomique, une faille dans le système provoquée volontairement et exploitée dans une jouissance froide et chirurgicale. Ce badge consacre celui qui a raflé la mise d’un seul coup, celui qui, en une seule manche, a amassé une montagne de jetons qui ferait pâlir un cartel mexicain en période haute. Et il ne l’a pas fait par hasard. Non. Il a senti le déséquilibre, vu la panique, flairé la faiblesse, et il a tout misé au bon moment, comme un serpent qui vend la maison d’un aveugle pour spéculer sur le braille. À cet instant précis, il est devenu l’incarnation du capitalisme déchaîné, la compression d’un hedge fund dans un cerveau humain, opérant une frappe chirurgicale dans le slip sale d’un tournoi en roue libre. La table entière n’a rien vu venir. Ils pensaient qu’il callait pour voir. Mais il pariait contre l’euro, contre leurs mères, contre le vivant. Quand les cartes sont tombées, il n’a pas souri. Il n’a pas fêté. Il a absorbé. Le badge Soros ne récompense pas la chance. Il célèbre l’intelligence froide, amorale, spéculative, celle qui fout les mains dans le cambouis du chaos avec des gants en latex en facturant l’opération. Il n’a pas gagné une main : il a ruiné une économie de table entière. Et il s’est levé pour aller pisser en laissant les autres compter leurs pertes comme des Grecs un matin de 2012.<blockquote>Le titre de Georges Soros est attribué au joueur '''qui a réalisé le plus gros gain en une seule manche''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
'''Bernard Madoff'''[[Fichier:pokonche madoff.png|vignette|gauche|J’ai vu ta line comme j’ai vu la crise de 2008. Prévisible. J’ai call. J’ai encaissé.]] | '''Bernard Madoff'''[[Fichier:pokonche madoff.png|vignette|gauche|J’ai vu ta line comme j’ai vu la crise de 2008. Prévisible. J’ai call. J’ai encaissé.]] | ||
Effondré, ruiné, à la rue et mort depuis Madoff, c’est ce type qui n’avait plus rien, plus que quelques miettes de jetons et un historique de honte longue comme un rapport de l’AMF, et qui, contre toute attente, remonte. Doucement d’abord. Puis violemment. Puis de manière suspecte. À croire qu’il imprime des blindes dans sa cave. À un moment, on ne sait plus s’il joue bien, s’il chatte comme un démon, ou s’il fait juste partie d’un système d’escroquerie cosmique dont il serait à la fois la victime et l’architecte. Ce badge récompense celui qui a fait la plus grosse remontada depuis son plus bas historique, un mec qui était à deux doigts de se faire euthanasier par les blinds, et qui finit avec un stack digne d’un fonds souverain émirati. Et personne ne comprend comment. Il n’a pas gagné tant de mains que ça. Il n’a pas éliminé grand monde. Mais il est là, à nouveau, plus riche, plus gros, plus indécent. Comme si sa dette s’était dissoute dans l’atmosphère, comme si ses erreurs avaient été recyclées en gains. Une arnaque comptable, mais légale, parce que c’est le jeu. Le Madoff du tournoi, c’est celui qui crée l’illusion du mérite à partir du chaos, qui jongle avec ses 4 blindes comme un banquier suisse avec les comptes de vieux morts. Il aurait dû crever, mais il a survécu. Et maintenant, il vous regarde tous avec le sourire épais de celui qui sait que même sa chute est un tremplin. Bien sûr qu’il va tout reperdre, mais là, maintenant, il est riche, et il vous pisse à la raie. | |||
<blockquote>Le titre de Bernard Madoff est attribué au joueur '''qui a réalisé la plus belle remontada''' pendant le tournoi.</blockquote> | <blockquote>Le titre de Bernard Madoff est attribué au joueur '''qui a réalisé la plus belle remontada''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
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[[Fichier:pokonche kerviel.png|gauche|vignette|J’ai bust 320BB en deux mains. Mais j’ai gardé la foi. Et l’odeur du désastre.]] | [[Fichier:pokonche kerviel.png|gauche|vignette|J’ai bust 320BB en deux mains. Mais j’ai gardé la foi. Et l’odeur du désastre.]] | ||
Il avait tout. Ou en tout cas, il faisait semblant. | Il avait tout. Ou en tout cas, il faisait semblant. Stack confortable, posture confiante, vocabulaire de winner, relances nettes, regard d’expert de ses morts. Puis il n’a plus eu. Et ce n’est pas qu’il a perdu : il a désintégré son stack à un niveau quantique, il a troué le tapis de jeu, l’espace-temps, et probablement deux ou trois lignes comptables de la BCE. Le badge Kerviel ne récompense pas une simple erreur, ni un bad beat malchanceux, ni une main mal jouée. Non. Il célèbre une catastrophe. Une perte. Un effondrement structurel. Il faut l’imaginer, là, assis, souriant comme un con avec son As-Dame de pique qui se vautre le cul contre un putain de full 4-5 d’un péon mal rasé, et à ce moment précis, tout part en lattes. Et quand on dit tout, c’est TOUT : le stack initialement juteux, la situation stable, et le rein gauche en prime. Il était beau, il était bien, puis il est devenu un trou noir comptable. Le Jérôme Kerviel du tournoi, c’est celui qui joue comme si la régulation n’existait pas, comme si l’AMF c’était un sigle de fast-food. Il engage, il surrelance, il veut tout, il croit voir l’avenir, et il finit allongé par terre, torse nu, les yeux vitreux, en train de se faire expliquer la variance par un mec en slip Pikachu. Quand il bust, il ne comprend pas. Il regarde les autres comme s’ils l’avaient trahi. Il vient de faire perdre 5 milliards à sa dignité, et il ose demander “j’ai mal joué ?”. Oui, Jérôme. Tu as mal joué. Et tu l’as fait avec une régularité qui force le respect'''.'''<blockquote>Le titre de Jérome Keviel est attribué au joueur '''qui a réalisé la plus grosse perte en une seule manche''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
[[Fichier:pokonche ligne.png|centré]] | [[Fichier:pokonche ligne.png|centré]] | ||
===='''Bruno Le Maire'''==== | ===='''Bruno Le Maire'''==== | ||
[[Fichier:pokonche lemaire.png|vignette|gauche|J’avais chip leader au turn. J’ai tout réinjecté dans le plan de relance. Maintenant je joue en ticket resto.]] | [[Fichier:pokonche lemaire.png|vignette|gauche|J’avais chip leader au turn. J’ai tout réinjecté dans le plan de relance. Maintenant je joue en ticket resto.]] | ||
Il commence bien. En tout cas, il en donne l’illusion. On se dit qu’il va construire, poser les bases, investir dans le temps long, temporiser, viser l’excellence. Et puis peau de zob. Très vite, | Il commence bien. En tout cas, il en donne l’illusion. On se dit qu’il va construire, poser les bases, investir dans le temps long, temporiser, viser l’excellence. Et puis peau de zob. Très vite, ça part en couille comme une politique budgétaire pensée à 3h du matin dans une salle de bains humide en sortant de chez une pute. Il gaspille. Il dilapide. Il fait des ajustements microéconomiques à chaque street comme un connard qui annoncerait “plan de relance” à chaque flop dry. Mais il n’y a pas de relance. Il y a juste du tapis mal placé, des calls douteux, des fold honteux, et cette capacité rare à transformer une position solide en champ de ruines néo-libérales. Bruno ne perd pas tout d’un coup. Non. Il s’effondre sur la durée, méthodiquement, en suçant l’oxygène de sa table, comme une taxe insidieuse sur les stacks adverses, mais qui ne finance rien. Il ne bluffe pas, il ment à lui-même. Il ne gère pas, il ajuste en catastrophe. Et quand son stack tombe à un tiers, il hausse les épaules, fait une conférence de presse dans sa tête, et se félicite d’avoir évité le pire, alors que tout le monde sait qu’il vient de crever comme une vieille PME surcotée. Ce mec est un simulateur d’intelligence à la tête vide comme un plan de réindustrialisation PowerPoint, l’ennemi intérieur de son propre jeu. Et quand il saute, il le fait proprement, sans insulter personne, sans bruit. Juste avec le regard mort d’un mec persuadé d’avoir servi le bien commun en coulant la partie. | ||
<blockquote>Le titre de Bruno Le Maire est attribué au joueur '''qui a réalisé la plus belle descentada''' pendant le tournoi.</blockquote> | <blockquote>Le titre de Bruno Le Maire est attribué au joueur '''qui a réalisé la plus belle descentada''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
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'''Le Cornu''' | '''Le Cornu''' | ||
[[Fichier:pokonche cornu.png|vignette|gauche|À chaque main je chatte. À chaque nuit, elle aussi. Mais pas avec moi.]] | [[Fichier:pokonche cornu.png|vignette|gauche|À chaque main je chatte. À chaque nuit, elle aussi. Mais pas avec moi.]] | ||
On pourrait croire à du talent. À de l’instinct. À une lecture parfaite. Mais non. | On pourrait croire à du talent. À de l’instinct. À une lecture parfaite. Mais non. Le Cornu, lui, ne sait pas jouer — il sait recevoir. Le flop l’aime, la turn le caresse, la river l’embrasse langoureusement comme un collègue de sa femme pendant un team building à Lisbonne. Car c’est bien ça, la malédiction divine : heureux en jetons, cocufié jusqu’au trognon dans la vraie vie. Il chatte tout. Il touche des quintes par les deux bouts. Il te sort des couleurs à une carte, des brelans planqués à zéro putains de cartes, des overpairs dissimulées dans un regard vide. Il flotte dans une grâce numérique qui dépasse l’entendement, pendant que dans son dos, la moitié du tournoi se tape sa gonzesse. Et lui, comme un brave con, il jubile à chaque pot gagné, sans se douter qu’au même moment, sa femme envoie des nudes à son chad du lycée. Lui, il réfléchit pas. Il clique et ça passe. Comme si Dieu, dans un élan d’humiliation cosmique, avait décidé de récompenser son aveuglement conjugal par des quinte flush au turn. Chaque fois qu’il gagne une main, quelqu’un gagne sa meuf. C’est un échange implicite, un équilibre immuable, presque sacré. Il pourrait être heureux, mais son bonheur pokeristique est construit sur le lit trempé de son humiliation sentimentale. Et le pire ? Il s’en doute. Il sent quelque chose. Un froid. Un frisson. Une absence de messages le soir. Mais il checke quand même. Et ça passe. Et il est content. Et les autres rigolent. Et sa femme aussi. | ||
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'''Larry Silverstein''' | '''Larry Silverstein''' | ||
[[Fichier:pokonche larry.png|gauche|vignette|Ils crient au complot. Moi je vois juste un bon read de la game. Et une bonne assurance.]] | [[Fichier:pokonche larry.png|gauche|vignette|Ils crient au complot. Moi je vois juste un bon read de la game. Et une bonne assurance.]] | ||
Il aurait dû perdre. Il aurait dû sauter. Il aurait dû cramer dans l’incendie algorithmique de cette main grotesque où il push avec un 7-2 offsuit comme un touriste qui vient d’apprendre les règles au dos d’une boîte de céréales. | Il aurait dû perdre. Il aurait dû sauter. Il aurait dû cramer dans l’incendie algorithmique de cette main grotesque où il push avec un 7-2 offsuit comme un touriste qui vient d’apprendre les règles au dos d’une boîte de céréales. Mais non. Pas lui. Lui, il a “juste eu du nez”. Il avait senti le coup. Il a signé quelque chose, on ne sait pas quoi, mais les cartes lui sont tombées dessus comme des pompiers absents dans une structure inflammable à structure métallique. Le Larry Silverstein du tournoi, c’est ce joueur qui, sans vraiment comprendre ce qu’il fait, parvient à se trouver au bon endroit au bon moment, toujours, systématiquement, avec une régularité qui frôle la prédestination divine ou le inside job karmique. Tu le vois all-in avec une main de clodo et tu te dis : "là c’est fini". Et puis BOUM. Carré river. Full backdoor. Quinte cosmique surgie d’un autre plan d’existence. Il regarde les autres avec ce petit sourire modeste de celui qui “a eu de la chance”, mais dans son regard, y’a un bail qu’on n’explique pas. Une signature dans l’ombre. Une clause. Un accord. Une couverture. Il ne bluffe pas, il manifeste des événements. Le badge Larry Silverstein, c’est pas juste du bol. C’est de l’orchestration divine. Une chatte tellement surnaturelle qu’on commence à croire qu’il a misé contre son propre tournoi tout en achetant les assurances de celui d’en face. Le mec a 0 technique, 0 lecture, 0 honte — mais tout passe. Et à la fin, il empoche les jetons comme on touche une indemnité colossale pour un bâtiment qu’on n’occupait plus depuis six mois. | ||
<blockquote>Le titre de Larry Silverstein est attribué au joueur '''qui a eu le plus gros coup de bol''' pendant le tournoi.</blockquote> | <blockquote>Le titre de Larry Silverstein est attribué au joueur '''qui a eu le plus gros coup de bol''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
'''Le Russian Doomer''' | '''Le Russian Doomer''' | ||
[[Fichier:pokonche doomer.png|vignette|gauche|alt=La dernière fois que j’ai gagné un pot, l’URSS existait encore.|La dernière fois que j’ai gagné un pot, l’URSS existait encore.]] | [[Fichier:pokonche doomer.png|vignette|gauche|alt=La dernière fois que j’ai gagné un pot, l’URSS existait encore.|La dernière fois que j’ai gagné un pot, l’URSS existait encore.]] | ||
Il joue bien. Peut-être même très bien. Il lit parfaitement. Il anticipe. Il calcule. Il fold les pièges. Il trap les spots. Il mérite. Mais il perd. Encore. Et encore. Et encore. | Il joue bien. Peut-être même très bien. Il lit parfaitement. Il anticipe. Il calcule. Il fold les pièges. Il trap les spots. Il mérite. Mais il perd. Encore. Et encore. Et encore. Le Russian Doomer, c’est ce type hanté par une malchance tellement dense qu’elle semble post-soviétique. Il n’a pas de chatte — il a un goulag statistique au fond du slip. Ses As se font craquer par des 9-3 suités. Ses brelans tombent contre des couleurs qu’il a vues venir, mais pas fuir. Il pense EV+, il joue GTO, mais le destin lui répond GROSSE TEUB DANS LE CUL. Chaque main devient pour lui une scène de film polonais en noir et blanc, sans dialogue, sans issue, avec un zoom lent sur un regard vide et un tapis qui fond comme la morale en temps de guerre. Il n’a même plus la force de s’énerver. Il encaisse. Il subit. Il se consume. Il regarde ses jetons partir comme on regarde un train quitter la gare de Mourmansk en sachant qu’il ne reviendra pas. Il clique, mécaniquement, sans espoir. Il joue pour que ça cesse. Et quand enfin, la river lui donne une double paire, elle donne un full à l’autre. Bien sûr. Évidemment. Logique. Le badge Russian Doomer n’est pas un trophée — c’est un diagnostic de détresse. C’est la preuve que même dans un jeu codé, le hasard peut avoir des préférences géopolitiques. Il ne gagnera jamais. Il n’est pas là pour ça. Il est là pour perdre lentement, élégamment, et faire chier tout le monde avec ses silences de poète maudit.<blockquote>Le titre de Russian Doomer est attribué au joueur '''qui eu le moins de bol''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
'''Le Bolenbwa''' | '''Le Bolenbwa''' | ||
[[Fichier:pokonche bois en bois.png|gauche|vignette|J’ai mis une amulette sur le flop. Le flop m’a répondu avec 3 briques et une claque dans la gueule.]] | [[Fichier:pokonche bois en bois.png|gauche|vignette|J’ai mis une amulette sur le flop. Le flop m’a répondu avec 3 briques et une claque dans la gueule.]] | ||
Ce n’est pas qu’il a perdu. C’est que | Ce n’est pas qu’il a perdu. C’est que le tournoi l’a traversé sans jamais vraiment le toucher. Le Bolenbwa ne connaît pas la gloire, ni la chatte, ni même l’humiliation spectaculaire. Il n’a rien. Il n’est rien. Il ne fait que rater, faiblement, silencieusement, mécaniquement. Chaque main jouée est une ébauche d’échec. Chaque river est une gifle molle envoyée par un Dieu distrait. Il est l’opposé exact du miracle : un bol en bois, posé là, vide, sec, creux, sans usage. Même la malchance semble l’ignorer. Il est trop peu pour être puni, trop fade pour être sauvé. Il touche jamais. Il chatte jamais. Il sent même plus les cartes. Il a les mains froides et le regard humide, comme un orphelin de variance élevé par des parents absents. Les autres s’excitent, vivent, explosent. Lui, il click-fold dans le néant, espérant vaguement un 3-bet adverse qui ne viendra jamais, ou un flop enfin touché qu’il muckera sans conviction. Et quand par miracle il touche une top paire, elle se fait exploser par un brelan tombé du ciel comme un missile sur une cabane tibétaine. Il n’a pas de chance, il n’a pas de bol, et même le bol qu’il a, il est en bois. Pas décoratif. Pas utilitaire. Juste là, posé sur une étagère du destin, étiqueté “Objet inutile” dans la brocante de l’échec universel. Le badge Bolenbwa, c’est la consécration de l’invisibilité absolue. Ce n’est pas qu’il joue mal. C’est que le jeu ne lui donne même pas l'heure. Il est dans le tournoi comme un bol en bois dans une machine à laver : tourné, brassé, broyé — mais jamais utilis''é.''<blockquote>Le titre de Bol en bois est attribué au joueur '''qui a eu la pire malchance''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
'''Le Boucleur''' [[Fichier:pokonche boucle.png|gauche|vignette|J’ai open AQ suited. J’ai perdu contre 72o off. J’ai recommencé. J’ai perdu. Encore.]] | '''Le Boucleur''' [[Fichier:pokonche boucle.png|gauche|vignette|J’ai open AQ suited. J’ai perdu contre 72o off. J’ai recommencé. J’ai perdu. Encore.]] | ||
Il commence bien. Toujours. Les mains premium pleuvent sur lui | Il commence bien. Toujours. Les mains premium pleuvent sur lui comme des promesses de vie meilleure, des AAs luisants, des KKs bien serrés, des AQs langoureuses qui l’invitent à croire. Et lui, comme un con, il y croit. Encore. Et encore. Et encore. Car le Boucleur ne comprend pas qu’il est dans une séquence. Une séquence qui ne se casse pas. Qui ne se discute pas. Qui le prend à la gorge et le recouvre de fausses espérances. AA préflop ? Il relance. Flop anodin ? Il mise. Turn neutre ? Il envoie. Et puis, river, c’est toujours la même. Un brelan invisible. Une quinte par derrière. Une couleur sortie des chiottes. Une horreur qui surgit comme une punchline de Dieu en mode sadique. Le Boucleur perd. Toujours. Sur des mains qu’on gagne. Il rentre bien, il sort mal. C’est un cycle, une spirale, une boucle. Il vit dans une boucle. Il est la boucle. On dirait que le code de la simulation a buggé. Qu’on lui a collé un script : “Donner belles mains > Générer flop neutre > Déclencher bad beat > Réinitialiser humiliation.” Il croit que cette fois c’est la bonne. Il croit à la statistique, à l’équilibre, à la justice du poker. Il n’a pas compris que pour lui, y’a pas d’algorithme. Juste une punition. Rituelle. Permanente. Il voit les autres gagner avec des merguez, et lui, il se fait crucifier avec As-Roi comme si c’était un péché de démarrer fort. Le badge Boucleur, c’est le témoignage d’une torture lente, répétitive, implacable, où la main de départ est un piège en forme de promesse. Et lui, il y retourne. Comme un rat dans un labyrinthe sans sortie. Comme un ex qui retextote son ex. <blockquote> Le titre de Boucleur est attribué au joueur '''ayant pris au moins deux bad-beat sur une ou deux des 10 meilleures combinaisons de départ sur une partie.''' L'heureux élu est susceptible de se voir décerner le badge [[Badges de Onche.org#Badges de personnalité|Boucleur]] par appréciation des autorités compétentes.</blockquote> | ||
===Les Titres de Manches=== | ===Les Titres de Manches=== | ||
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===='''L'As des As'''==== | ===='''L'As des As'''==== | ||
[[Fichier:pokonche_as.png|J’te bust, j’ramasse, j’restack, j’tourne la tête et j’dis : “C’est le métier, mon khey. |gauche|alt=|vignette]]Il ne joue pas. Il chasse. | [[Fichier:pokonche_as.png|J’te bust, j’ramasse, j’restack, j’tourne la tête et j’dis : “C’est le métier, mon khey. |gauche|alt=|vignette]]Il ne joue pas. Il chasse. Chaque main est un piège, chaque relance une balle dans la tête, chaque call un crochet du droit dans la mâchoire du karma. L’As des As ne cherche pas la victoire, il cherche le corps. Le scalp. Le bust. Il est celui qui, à la fin, ne compte pas ses jetons, mais les âmes qu’il a arrachées à la table. Pas un joueur, un nettoyeur. Un Léon à lunettes bleues, avec un tracker et le regard vide. Il ouvre large, il call léger, il shove sec. Et ça passe. Toujours. Il te fait croire que t’as une chance, que tu vas arriver à lui en ranger une au fond du calecif. Il te caresse avec un flop favorable. Et puis il te transperce à la river avec une quinte trouvée au fond de la déchéance. Chaque fois qu’un mec sort, c’est lui. Toujours lui. On le regarde comme on regarde un astéroïde : fascinant, lumineux, mais inarrêtable. Il n’a pas peur de perdre, parce qu’il ne perd pas. Il écarte les mains faibles d’un revers de clic. Il encaisse, il élimine, il éteint des pseudos à la chaîne comme un modérateur sous méthamphétamine. Tu te dis que t’es bien, t’as touché ton brelan au flop, t’as le lead. Et puis bim : il retourne la suite. Et t’es dehors. Et il t’a même pas regardé. Le badge As des As n’est pas une récompense. C’est un avertissement. Il est passé par ici, il a écrasé ton pseudo, et il t’a oublié. Et toi, t’es allé pisser en silence, les yeux rouges. Parce que quand c’est lui en face, tu sors. Et tu fermes ta grande gueule. | ||
<blockquote>Le titre d'As des As est attribué au joueur '''qui remporté le plus de manches''' pendant le tournoi.</blockquote> | <blockquote>Le titre d'As des As est attribué au joueur '''qui remporté le plus de manches''' pendant le tournoi.</blockquote> | ||
'''Le Chad'''[[Fichier:pokonche chad.png|gauche|vignette|Chaque main gagnée, c’est un ego en moins à la table. Et un message de plus dans mes DM.]] | '''Le Chad'''[[Fichier:pokonche chad.png|gauche|vignette|Chaque main gagnée, c’est un ego en moins à la table. Et un message de plus dans mes DM.]] | ||
Le Chad n’a pas besoin de bluffer — c’est la chance qui se met à genoux dès qu’il clique. Il gagne une main, puis deux, puis trois, et tu sens que quelque chose d’inhumain se lève. Il est dans la zone, ce moment statistique sacré où chaque carte le sert, chaque lecture tombe juste, chaque adversaire fond devant lui comme ta dignité en 2009 quand il t’a volé Julie au lycée. Il ne transpire pas. Il encaisse. Il déroule une série de victoires comme un Apollon sous stéroïdes déroulerait des ex dans une boîte du 13e. Toi, t’es là avec ta Dame-Valet suités, t’as bossé ta range, t’as réfléchi, t’as lu un PDF. Lui il clique, et la river lui obéit. Et ça continue. Encore. Encore. Encore. Un massacre en série, mais sexy. Il ne réfléchit pas, il vit. Il ne demande pas, il prend. Et le pire ? C’est qu’il te regarde. Il sait. Il sent ton amertume, ton petit regard de loupé, ton petit cœur tout ratatiné sous tes 6 blindes et ton historique Sharkscope qui pue le néant. Et il sourit. Pas méchamment. Pas par arrogance. Par nature. Parce que ce monde, ce jeu, cette chatte insolente, tout ça lui revient de droit. T'as beau l'insulter mentalement, le signaler, le haïr — tu veux être lui. Tu le détestes mais tu veux sa place, ses mains, ses jetons, sa meuf, sa vie. Et le tournoi passe. Et lui, il empile les manches comme un dieu grec empilait les vestales, pendant que toi, tu plies ton tapis avec l’élégance d’un stagiaire RH viré avant midi. Le badge Chad, c’est pas une récompense. C’est une gifle dans ta gueule de suiveur. Et tu l’encaisses. Comme toujours. | |||
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'''La Victime''' | '''La Victime''' | ||
[[Fichier:pokonche victime.png|vignette|gauche|Je suis rentré dans 19 mains. J’ai gagné 0 showdown. Mais j’ai appris l’humilité.]] | [[Fichier:pokonche victime.png|vignette|gauche|Je suis rentré dans 19 mains. J’ai gagné 0 showdown. Mais j’ai appris l’humilité.]] | ||
La Victime ne menace jamais. Elle existe dans le tournoi comme une tâche d’humidité dans un vestiaire : elle est là, on l’évite, mais on sait qu’elle finira par disparaître d’elle-même. Elle ne bust personne. Elle ne sort personne. Elle n’est pas là pour ça. Elle est là pour ''mourir'', mais mourir proprement, en silence, en tendant la gorge, en servant d’appui narratif aux grandes épopées adverses. Chaque joueur qui explose fait sauter un mec. La Victime, elle, elle saute pour qu’un autre explose. C’est un rôle. Une fonction sociale. Un devoir moral presque. Elle relance une fois, se fait sur-relancer, et fold. Elle shove une premium, se fait payer par un suited marginal, et bust sur une flush inattendue. Et tout le monde trouve ça normal. Parce que c’est elle. La carpette. Le petit cadavre qu’on enjambe sans ralentir. Quand elle élimine un joueur — ce qui arrive une fois tous les 700 ans, par bug dans la matrice — elle s’excuse presque. Elle le dit dans le chat : “désolé fréro, chatte” — comme si le meurtre n’était pas dans sa nature, comme si elle avait sali un cycle. Le badge Victime, c’est la couronne des passagers du désastre, ceux qui traversent le tournoi sans jamais imposer leur existence, sans même déranger le tapis avec leurs moves. Elle saute, et personne ne la pleure. Elle saute, et même le tracker oublie de noter son pseudo. Et toi, t’étais là. Tu l’as vue. Tu l’as ignorée. Et tu sais qu’elle reviendra. Pour revivre la même mort, encore. Et encore. Et encore. | |||
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