« Pavé pute-à-fiches » : différence entre les versions
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Le pavé putes-à-fiches est un pavé critiquant les étudiantes en faculté qui font preuve de beaucoup de zèle mais de peu d'esprit.
Le pavé[1][modifier | modifier le wikicode]
Elles étaient les ergastines des cortèges anti-CPE, les habituées des boules Quies, les buveuses d’eau compulsives aux examens.
Elles sont étudiantes en histoire, sociologie, droit, économie ou sciences de gestion. Toutes leurs études sont motivées par la volonté de servir les puissants un jour.
Après leur licence en sciences molles, elles se dirigent vers des Masters en journalisme ou en sciences de gestion. Elles rêvent d’Amérique, de start-up et d’écrire pour Rue89.
Tout ce qui est doxa, discours dominant les attirent. Elles ont conscience d’exister dans cette médiocrité qui les accepte.
Elles peuvent également être appréciées pour leur physique et leurs fautes d’orthographe plutôt rares après des années à réviser leurs fiches de grammaire. C’est ainsi que Melissa la dyslexique finit chef de projet et Mélanie la bégayeuse devient speakerine.
Ce sont des robinets d’eau chaude de bien-pensance, tout ce qui est dissident les rebute et les choque.
Il est impossible de créer une accroche d’atome intellectuelle avec ces demi-cerveaux. Elles ne peuvent tenir une conversation sur l'humanité sans leurs sacro-saintes fiches.
Ces filles souffrent lorsque le niveau d’un débat s’élève. Lors de discussions érudites, elles viendront parfois ramener leurs fraises pour dire qu’elles ont étudié la Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide en cours. Leur apport à la discussion est donc de haut niveau !
Face à leur manque de cultures, elles vont serrer le poing, redoubler d’efforts, relire continuellement leurs fiches, jusqu’à réciter des simagrées de banalités, pour ensuite se confier en sanglots à Hugo du cours d’anglais. La confidence est une thérapie pour ces jeunes filles. Elle leur permet d’avoir la conscience de souffrance.
Ces putes-à-fiches ont souvent à leur disposition une garde rapprochée de demi-femmes. Hugo en est un exemple. Il est dans la zone d’amitié depuis qu'il connaît Mélanie. Il suit continuellement cette pute-à-fiche à la BU dans l’espoir un jour d’obtenir un baiser. Mais Mélanie sort avec Enzo le desco. Pour Hugo, la pute-à-fiche est tellement amoureuse qu’elle n’a pas conscience d’être manipulée par ce dernier.
« Mélanie n’a pas conscience d’être manipulée, et si pour l’aider je dois la rendre amoureuse afin qu'elle ait cette conscience, lui fais-je du bien ou du mal ? »
Hugo veut sans doute qu'elle comprenne qu’elle est effectivement malheureuse, et que lui voudrait faire son bonheur. Pendant qu’Hugo se perd dans des questionnements vains, Enzo, lui, fourre la belle allègrement et quotidiennement.
Enzo lui procure ce qu’Hugo le cultivé rêveur ne peut pas : les émotions. La pute-à-fiche est obsédée par les émotions. Ce qu’elle nomme « émotion » représente en réalité la culture de l’instant. L’épopée napoléonienne, la lecture des vers de l’Illiade ou la portée de la mort de Socrate l’ennuient profondément. Ce qu’elle désire c’est de l’émotion brut, celle que l’on retrouve dans la littérature de supermarché. Après un week-end entier à la BU, Mélanie la lectrice médiocre dévore Musso, Lévy et Nothomb.
Il lui arrive par moment de lire Tahar Ben Jelloun, auteur qui lui a été conseillé par Samia, son amie maghrébine, elle aussi pute-à-fiches. Mélanie se permet par moment de l'appeler « ma petite arabe ». C'est l'émotion, c'est l'émotion.
Quant aux émotions d’Enzo, elles, lui font passer du rire aux larmes – c’est le supplément d’âme de ces études qui l’épuisent. Il peut arriver qu’elle craque mais Hugo est toujours là en réserve. En effet, Mélanie peut toujours compter sur lui pour accomplir avec dévouement son rôle de gigolo intellectuel.
Mélanie est à bout. Tourmentée, elle se verrait bien parfois se confier sur TF1 dans « Confessions intimes », devant la webcam installée au fond des chiottes du F2 de son homme chômeur.
Mais la pute-à-fiche, bien qu'elle n'ait jamais lu une phrase de Marx, appelle sans relâche à une conscience de classe étudiante. Oui, elle est étudiante, et elle en est fière (elle le rappellera dix ans plus tard dans les colonnes de Rue89).
Elle est étudiante, contrairement à Vanessa-CAP de « Confessions intimes », sans diplôme. Pour Mélanie, il existe entre elles un écart infini, insurmontable, et pourtant, tout rapproche ces deux filles.
À la différence qu'à 30 ans, Vanessa ne possède pas les moyens de ses ambitions. Mélanie, elle, peut enfin se venger sur le stagiaire et le cis-employé en exposant ses diplômes, après avoir serré le poing et bien tenu ses fiches durant sa vie estudiantine, alors complexée par ces étudiants si paresseux. Évidemment, Enzo ne lui rapportant rien et n'étant plus à sa hauteur, elle a changé de partenaire entre-temps. Mélanie est désormais en couple avec Romain, un manager ambitieux et fortuné – lui aussi a suivi des études de gestion – aux opinions politiques bien éloignées de ce que Mélanie appelle la « conscience de classe ». Oh, elle le changera, c'est sûr. Mais en attendant, c'est encore le seul qui l'emmène à Courchevel et dans des galeries d'art.