« Pavé Dupond Moretti » : différence entre les versions
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Il s'éssuie vaguement l'anus avec la main, si tremblante de douleurs puis reprenna son téléphone pour prendre rendez-vous a son bistrot favori La Bonne Fourchette}} | Il s'éssuie vaguement l'anus avec la main, si tremblante de douleurs puis reprenna son téléphone pour prendre rendez-vous a son bistrot favori La Bonne Fourchette}} | ||
== Pavé #21 == | |||
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''"Dupont-Moretti contre DEPARDIEU"'' | |||
{{BoxPavé|Cette fois, il ne pouvait guère attendre davantage. Le ministre, haut magistrat, connaissait bien sûr tout du droit. Mais au-dessus des Lois humaines, temporelles, il y avait le repas. | |||
Onze heures dix-sept. Le gargouillis qui résonnait dans l'enceinte du palais de justice n'était qu'un avant-goût de la symphonie intestinale à venir. | |||
Le pas décidé, le pouls hâté, le teint rougeaud, l'hypertensé Dupont-Moretti faisait trembler les murs anciens tandis qu'il se rapprochait de la sortie. | |||
En poussant la porte, il la vit frapper la jeune greffière, à peine embauchée d'hier, causant un hématome d'un rouge des plus impressionants. | |||
"Hum, trois minutes de cuisson, feu vif". | |||
Moretti s'y connaissait en art, en couleur. Aucune teinte ne lui résistait. Sans prendre la peine de s'excuser, indifférent aux larmes de la malheureuse, il tremblait. | |||
Nerveux et furieux, il ne pourrait atteindre son restaurant favori... il lui fallait manger immédiatemment. La distance qui le séparait de son temple du palais, son vrai palais, celui qui lui servait à mesurer ce qu'il y avait de plus raffiné en ce bas-monde, était bien trop importante. Deux rues. Soixante-treize secondes. | |||
Il ne le pouvait pas sans prendre le risque de dévorrer un pigeon sur son passage. | |||
Signe du destin, une nouvelle enseigne gastronomique venit d'ouvrir. On y vantait les mérites de la nourriture à l'ancienne, bien éloignée de ces pitances mondialistes appauvries en protéines. Mais surtout, on y servait de la viande. | |||
Sur le pas de l'établissement, Moretti poussa un râle d'avidité. Le serveur, un homme malingre, qui n'aurait guère fait qu'un amuse-bouche, lui jeta un regard apeuré. | |||
- C'est... c'est pour manger ? | |||
- Manger ! rugit le ministre. | |||
Sans même y avoir été invité, il s'attabla à l'intérieur de l'établissement, bousculant les fines bouches sur son passage, picorant ici et là dans les assiettes des ces êtres inférieurs dotés des plus menus estomacs. | |||
Un rot bruyant brisa le carreau d'une vitre, mais il n'en fit rien. Tandis qu'il posait son céans sur une chaise de piètre qualité, il attendait. | |||
Le duel s'annonçait corsé, et le sourire qu'il laissait apparaître ne laissait aucun doute. Il appréciait cela. Le repas le détruirait, ou il détruirait l'établissement. Son intestin était prêt à partir en guerre. | |||
- Monsieur... vous... vous voulez la carte ? demanda une petite serveuse hésitante. | |||
- Oui ! | |||
- Je... je vous l'apporte... | |||
- Non, bougresse ! Je veux la carte, j'ai dit ! Toute la carte ! | |||
Tandis qu'elle le fixait, l'air hagard, il sentit la colère lui monter aux joues. Il frappa du poing sur la table. | |||
- Je ne plaisante pas ! La carte ! | |||
Alors qu'elle s'éloignait vers les cuisines en courant, il ajouta d'une voix terrible : | |||
- Avec un supplément sucre sur tous les desserts ! Et remplacez-moi ces salades de candaules par des frites maisons à l'huile ! | |||
Dans l'établissement, chacun s'était tû. Mais alors que Dupont-Moretti savourait sa domination, les yeux dans le vague, il entendit une voix pousser un rugissement terrible, profond, glottal. | |||
- MANGER ! MANGER ! | |||
Il leva la tête, et sentit son sang se glacer. La porte fut dégondée, tandis qu'une ombre massive cachait à présent la lumière du Soleil, par l'encadrement. L'homme qui pénétra dans cette arène du goût avait le nez de Dionysos, et l'embonpoint de tous les excès. | |||
Ses yeux parcourirent le restaurant, et il croisa le regard de Moretti. Sans un mot, les deux adversaires se reconnurent. | |||
- Je prendrai tout ! Rugit Gérard Depardieu. Et deux fois ! | |||
Moretti se leva et balança sa chaise à travers la vitre, causant les hurlements des clients apeurés. Une vieille dame chuta au sol, plongeant dans l'inconscience. | |||
Indifférent aux bouts de verre qui tapissaient le carrelage, Moretti fit un pas en avant. Il dégaîna sa fourchette. | |||
- Je prendrai trois fois la carte ! lança-t-il. | |||
- Et moi trois fois et demi ! soutint l'acteur d'un air goguenard. | |||
Furieux, excédé, Moretti souleva la vieille dame comatteuse, et la lança sur son ennemi. | |||
Il l'attrapa d'une seule main. | |||
- Je ne mange rien qui ne pèse moins de 130kg, argua Depardieu et en jetant la dame sur des clients, contre le mur. | |||
Ils chutèrent au sol dans une marre de sang, mais les deux gladiateurs de la glotte n'en firent rien. Ils portèrent chacun leur table, et la dressèrent l'une contre l'autre. | |||
- REPAS ! hurlèrent-ils d'une même voix. | |||
Les serveurs appeurés redoublèrent d'effort. | |||
D'abord, il y eut l'entrée. Sans se quitter des yeux, les deux hommes firent un carnage, une boucherie, un spectacle que Belzebuth lui-même se refuserait à regarder. Aucun témoin n'aurait pu rapporter la barbarie des grognements, giclures et autres gargouillis de cette guerre pancréatique. On pouvait voir les organes gonfler sous les chemises, la sueur suintant des pores de nos combattants. | |||
Il y eut ensuite le premier plat, envolé comme il était venu. Puis, le second, le troisième. Le huitième fut le moment où le premier rot de satisfaction fut émit. Le premier décès fut recensé dans l'établissement à cet instant. Depardieu émit un rire méprisant. | |||
- Pas mal, l'amuse-gueule. | |||
- Un peu léger, comme un magret trop cuit. | |||
Depardieu eut un renvoi. | |||
- Ne plaisante pas avec ces choses là, avertit l'acteur d'une voix terrible. | |||
Le moment du dessert. Les deux hommes avalèrent tant de sucre et de gras qu'on entendit même les assiettes pleurer de détresse. Les serveurs, terrés dans un coin, vomissaient à tour de rôle devant ce spectacle aussi atroce que divin. | |||
Lorsque la dernière goutte de sirop fut avalée. Les deux hommes se levèrent, sans ciller. | |||
- C'est tout ce que vous avez à nous proposer ? scanda Depardieu d'un air outré. | |||
- Un modeste apéro, un en-cas pour hommes-soja ! Approuva Moretti avec un sourire mauvais. | |||
Les deux hommes comprirent alors. Aujourd'hui, ils ne seraient pas ennemis. Ils conjugueraient leur puissance pour anéantir ce fragile établissement qui avait eu l'audace de les défier.}} | |||
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