« Pokonche » : différence entre les versions

11 octets ajoutés ,  13 juillet
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Il ne gagne pas souvent, mais quand il gagne, c’est tout le monde qui perd. Le Soros du tournoi n’est pas un joueur, c’est un événement macroéconomique, une faille dans le système provoquée volontairement et exploitée dans une jouissance froide et chirurgicale. Ce titre consacre celui qui a raflé la mise d’un seul coup, celui qui, en une seule manche, a amassé une montagne de jetons qui ferait pâlir un cartel mexicain en période haute. Et il ne l’a pas fait par hasard. Non. Il a senti le déséquilibre, vu la panique, flairé la faiblesse, et il a tout misé au bon moment, comme un serpent qui vend la maison d’un aveugle pour spéculer sur le braille. À cet instant précis, il est devenu l’incarnation du capitalisme déchaîné, la compression d’un hedge fund dans un cerveau humain, opérant une frappe chirurgicale dans le slip sale d’un tournoi en roue libre. La table entière n’a rien vu venir. Ils pensaient qu’il callait pour voir. Mais il pariait contre l’euro, contre leurs mères, contre le vivant. Quand les cartes sont tombées, il n’a pas souri. Il n’a pas fêté. Il a absorbé. Le titre Soros ne récompense pas la chance. Il célèbre l’intelligence froide, amorale, spéculative, celle qui fout les mains dans le cambouis du chaos avec des gants en latex en facturant l’opération. Il n’a pas gagné une main : il a ruiné une économie de table entière. Et il s’est levé pour aller pisser en laissant les autres compter leurs pertes comme des Grecs un matin de 2012.<blockquote>Le titre de Georges Soros est attribué au joueur '''qui a réalisé le plus gros gain en une seule manche''' pendant le tournoi.</blockquote>
Il ne gagne pas souvent, mais quand il gagne, c’est tout le monde qui perd. Le Soros du tournoi n’est pas un joueur, c’est un événement macroéconomique, une faille dans le système provoquée volontairement et exploitée dans une jouissance froide et chirurgicale. Ce titre consacre celui qui a raflé la mise d’un seul coup, celui qui, en une seule manche, a amassé une montagne de jetons qui ferait pâlir un cartel mexicain en période haute. Et il ne l’a pas fait par hasard. Non. Il a senti le déséquilibre, vu la panique, flairé la faiblesse, et il a tout misé au bon moment, comme un serpent qui vend la maison d’un aveugle pour spéculer sur le braille. À cet instant précis, il est devenu l’incarnation du capitalisme déchaîné, la compression d’un hedge fund dans un cerveau humain, opérant une frappe chirurgicale dans le slip sale d’un tournoi en roue libre. La table entière n’a rien vu venir. Ils pensaient qu’il callait pour voir. Mais il pariait contre l’euro, contre leurs mères, contre le vivant. Quand les cartes sont tombées, il n’a pas souri. Il n’a pas fêté. Il a absorbé. Le titre Soros ne récompense pas la chance. Il célèbre l’intelligence froide, amorale, spéculative, celle qui fout les mains dans le cambouis du chaos avec des gants en latex en facturant l’opération. Il n’a pas gagné une main : il a ruiné une économie de table entière. Et il s’est levé pour aller pisser en laissant les autres compter leurs pertes comme des Grecs un matin de 2012.<blockquote>Le titre de Georges Soros est attribué au joueur '''qui a réalisé le plus gros gain en une seule manche''' pendant le tournoi.</blockquote>


'''Bernard Madoff'''[[Fichier:pokonche madoff.png|vignette|gauche|J’ai vu ta line comme j’ai vu la crise de 2008. Prévisible. J’ai call. J’ai encaissé.]]
==== '''Bernard Madoff''' ====
[[Fichier:pokonche madoff.png|vignette|gauche|J’ai vu ta line comme j’ai vu la crise de 2008. Prévisible. J’ai call. J’ai encaissé.]]
Effondré, ruiné, à la rue et mort depuis Madoff, c’est ce type qui n’avait plus rien, plus que quelques miettes de jetons et un historique de honte longue comme un rapport de l’AMF, et qui, contre toute attente, remonte. Doucement d’abord. Puis violemment. Puis de manière suspecte. À croire qu’il imprime des blindes dans sa cave. À un moment, on ne sait plus s’il joue bien, s’il chatte comme un démon, ou s’il fait juste partie d’un système d’escroquerie cosmique dont il serait à la fois la victime et l’architecte. Ce titre récompense celui qui a fait la plus grosse remontada depuis son plus bas historique, un mec qui était à deux doigts de se faire euthanasier par les blinds, et qui finit avec un stack digne d’un fonds souverain émirati. Et personne ne comprend comment. Il n’a pas gagné tant de mains que ça. Il n’a pas éliminé grand monde. Mais il est là, à nouveau, plus riche, plus gros, plus indécent. Comme si sa dette s’était dissoute dans l’atmosphère, comme si ses erreurs avaient été recyclées en gains. Une arnaque comptable, mais légale, parce que c’est le jeu. Le Madoff du tournoi, c’est celui qui crée l’illusion du mérite à partir du chaos, qui jongle avec ses 4 blindes comme un banquier suisse avec les comptes de vieux morts. Il aurait dû crever, mais il a survécu. Et maintenant, il vous regarde tous avec le sourire épais de celui qui sait que même sa chute est un tremplin. Bien sûr qu’il va tout reperdre, mais là, maintenant, il est riche, et il vous pisse à la raie.
Effondré, ruiné, à la rue et mort depuis Madoff, c’est ce type qui n’avait plus rien, plus que quelques miettes de jetons et un historique de honte longue comme un rapport de l’AMF, et qui, contre toute attente, remonte. Doucement d’abord. Puis violemment. Puis de manière suspecte. À croire qu’il imprime des blindes dans sa cave. À un moment, on ne sait plus s’il joue bien, s’il chatte comme un démon, ou s’il fait juste partie d’un système d’escroquerie cosmique dont il serait à la fois la victime et l’architecte. Ce titre récompense celui qui a fait la plus grosse remontada depuis son plus bas historique, un mec qui était à deux doigts de se faire euthanasier par les blinds, et qui finit avec un stack digne d’un fonds souverain émirati. Et personne ne comprend comment. Il n’a pas gagné tant de mains que ça. Il n’a pas éliminé grand monde. Mais il est là, à nouveau, plus riche, plus gros, plus indécent. Comme si sa dette s’était dissoute dans l’atmosphère, comme si ses erreurs avaient été recyclées en gains. Une arnaque comptable, mais légale, parce que c’est le jeu. Le Madoff du tournoi, c’est celui qui crée l’illusion du mérite à partir du chaos, qui jongle avec ses 4 blindes comme un banquier suisse avec les comptes de vieux morts. Il aurait dû crever, mais il a survécu. Et maintenant, il vous regarde tous avec le sourire épais de celui qui sait que même sa chute est un tremplin. Bien sûr qu’il va tout reperdre, mais là, maintenant, il est riche, et il vous pisse à la raie.


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